Pétition : Manifeste pour la désexuation des politiques de lutte contre les violences (France)
En matière de lutte contre les violences, les pouvoirs publics français opèrent régulièrement des distinctions, fondées sur le sexe, entre les personnes qu’ils se proposent de soutenir, ce qui dans notre droit caractérise la discrimination. Ainsi dans l’actualité récente :
Un service d’aide sexué
Le 3919, numéro d’appel dédié aux victimes de violences conjugales, créé en 2007, est géré par le Ministère du Travail. Ses nombreux documents de présentation, papier ou visuels, le définissent comme réservé aux victimes féminines. Tous les témoignages qui les illustrent émanent de femmes. Le personnel qui répond aux appels est exclusivement féminin. La proportion d’hommes victimes qui utilisent le service est de ce fait dérisoire. En mars 2010, le service a annoncé son élargissement à d’autres catégories de violences (mariages forcés, violences au travail, etc.), tout en conservant le même type de présentation sexuée.
Une « Grande cause » sexuée
En novembre 2009, le Premier ministre a retenu comme thème de la Grande cause nationale 2010 « La lutte contre les violences contre les femmes », sans pour autant motiver le choix de cette sexuation. Rappelons que les thèmes retenus les années précédentes, à savoir « L’égalité des chances », « La maladie d’Alzheimer », « Les dons d’organes » n’étaient en rien sexués.
Une proposition de loi sexuée
Le 25 février 2010, l’Assemblée nationale a voté une proposition de loi définie comme « renforçant la protection des victimes et la prévention et la répression des violences faites aux femmes ». Le caractère sexué de cet intitulé est confirmé dans une demi-douzaine de ses articles, qui selon les cas, réservent le bénéfice des mesures de prévention ou de soutien aux « femmes », ou réservent les possibilités d’intervention aux « associations de défense des droits des femmes ».
Les signataires du présent Manifeste protestent contre ce parti-pris discriminatoire
- parce qu’il est contraire à nos lois ;
- parce qu’il revient à accorder la protection de la société à une partie des victimes en fonction de leur sexe, et à la refuser à l’autre partie ;
- parce qu’il revient, toutes les victimes de violences étant posées comme appartenant au même sexe, à stigmatiser les personnes de l’autre sexe comme les seules responsables de ces violences.
Ils demandent à l’ensemble des décideurs concernés (parlementaires, ministres, Président) de mettre fin à cette dérive et de veiller désormais à ce que les politiques de lutte contre les violences soient mises au service de toutes les personnes indépendamment de leur sexe, autrement dit qu’elles soient désexuées.