En ce 13 novembre 2020, mon père aurait fini sa 101e année pour commencer la suivante.
Le 11 novembre est traditionnellement la journée de commémoration de la signature de l'Armistice de la guerre de 1914-1918. De nombreuses associations d'Anciens Combattants profitent de cette journée pour rappeler à tous nos concitoyens que beaucoup de nos prédécesseurs se sont battus pour vivre dans un pays de Liberté.
De nombreux morts n'ont pas eu de sépulture car le temps de guerre ne le permettait pas. De nombreux soldats n'ont pas été retrouvés sur les champs de bataille bombardés plusieurs fois. De nombreux combattants n'ont plus de famille aujourd'hui et personne ne peut fleurir leur tombe.
Aussi, en cette année difficile de pandémie durant laquelle nos anciens, bien que déjà âgés, s'en vont encore plus rapidement sans qu'on puisse déterminer si "c'était leur temps, leur moment de partir", s'ils n'avaient pas été atteints de la COVID-19, je suis fier de rappeler que mes ancêtres se sont battus pour que la France soit libérée du nazisme, que la Liberté de penser, la Liberté de vivre, la Liberté tout court soit la base de la vie en communauté.
Fier de maintenir la mémoire de mes ancêtres anciens combattants
Mon père Olivier Pajani
Engagé volontaire pour cinq ans en 1941. Matricule 9938. Sergent Radio-comptable de la Compagnie de Commandement du Régiment de Marche de la Légion étrangère. Service au Sud Tunisien puis en Algérie (Oued-Imbert), Alsace (bataille de Jebsheim le 30.01.45) et Allemagne (Dettenheusen et Stuttgart en avril-mai 45). Deux citations à l'ordre du régiment (1945). Croix de guerre étoile de bronze. Naturalisé français en septembre 1947.
« Le 6 mai 1945 – Ravensbruck – Ma petite bien-aimée. Je ne puis laisser passer cette journée historique sans venir auprès de toi, te faire part de ma joie de vainqueur… La 19e armée allemande pose les armes devant la 1ère armée française, elle s'avoue vaincue… À partir de ce jour à midi, nous ne nous battons plus… Je revois en pensée tous les événements depuis le jour, historique aussi, où l'Allemagne déclarait la guerre au monde civilisé… J'avais 20 ans… Je suis requis pour travailler dans les aciéries d'Ugine… Mais peu à peu s'éveillent en moi des sentiments plus « homme », mon être s'émeut devant le désastre qui s'est abattu sur la France… La France, le plus beau pays du monde, la fille aînée de Dieu et de l'Église, ne peut pas rester ainsi… Il faut que je sois un instrument du relèvement du pays de France… Je m'engage en te disant que je veux « connaître quelque chose au point de vue militaire » quand la guerre recommencera. Je pars au loin, en Afrique… Un jour lumineux se lève, le 8 novembre 43… Je pars en Tunisie où je reçois le baptême du feu. L'ennemi est chassé d'Afrique… Mon rêve alors est de venir en France, de débarquer le plus tôt possible en France, car c'est là que sont les miens, c'est là que vit ma fiancée… Le 5 octobre 1944, avec quel bonheur, je quitte le pont du « James Jackson » pour poser mes pieds sur cette « douce terre »
Bientôt, le 12 octobre, on part vers le nord, après quelques étapes, on attaque dans les Vosges à Dommartin sur Remiremont. Mais on change aussitôt de secteur… Le 14 novembre, on se déplace vers Belfort… Le 27 on attaque l'Alsace… Puis Repos… Le 5 janvier, Strasbourg est menacé, on remonte en ligne jusqu'au 1er février… Le 30 janvier, j'ai ma première citation. Repos de nouveau… Huit jours de permission… Campagne d'Allemagne, prise de Stuttgart où je récolte ma seconde citation… Aujourd'hui, pour nous, c'est la fin de la guerre…
Mon travail pour l'écrasement de l'Allemagne et du nazisme est terminé, j'espère l'avoir accompli avec toute l'ardeur de ma jeunesse et toute la foi qui m'anime… Je suis engagé pour cinq ans, je termine mon contrat… Et puis, s'il le faut, je rengagerai car il faut que je termine mon service militaire citoyen français… Et puis dans le civil, avec le même courage et la même ardente foi dans la destinée du pays, je reprendrai le collier… Je n'aurai pas les pieds dans des pantoufles… Et toi, tu seras ma compagne, tu seras celle que mon cœur aimera jusqu'à la mort… Le veux-tu ?
J'attends ta réponse, pour te demander ensuite à tes parents…
Ma petite à moi, au revoir, et à bientôt
Douces caresses de ton petit Olivier. »
Mon grand-père paternel Agostino Paiani
Matricule 3718 (30).
Appelé en janvier 1915 à la 5e Compagnie de Subsistance, puis au front avec le 202e Régiment d'Infanterie de janvier 1916 à septembre 1917, puis au 54e RI jusqu'en septembre 1918.
Fait prisonnier en septembre 1918 au cours d'une patrouille. Au bout de quelques jours, il s'échappe du camp de prisonniers et reste caché dans son propre pays, jusqu'à la retraite des forces allemandes.
Après l'armistice, il retourne à Vérone dans la 5e compagnie de subsistance.
" Durant le temps passé sous les armes, a eu une bonne conduite et a servi avec fidélité et amour. Udine, le 5 février 1921. Le Commandant du Corps du District militaire de Udine. Vu le maire de Lestizza, le 12 juin 1921. "
Fuit définitivement le régime fasciste en se réfugiant en France en avril 1928 avec sa femme et ses trois enfants, puis s'installe et bâtit son chalet à Combloux (Haute-Savoie).
Mon grand-père maternel, Joseph Masson
Appelé au 1er régiment d'Artillerie de Montagne 64e batterie 5e pièce à Fontaine (Isère) le 3 septembre 1914. Incorporé le 4 septembre 1914.
"N° matricule 1196. Campagne contre l'Allemagne.
"Blessé le 9 septembre 1915 (le 8, selon l'intéressé lui-même) à la tête (boîte crânienne - côté arrière gauche) par une balle de mitrailleuse alors qu'il était baissé en train de creuser le sol pour l'emplacement du pied du canon, à Vergine (Champagne).
Une citation.
Croix de guerre étoile d'argent.
Décision militaire du 4 avril 1919 :
"Le Commandant du dépôt du 1er régiment d'Artillerie de Montagne certifie que Monsieur MASSON Joseph, canonnier, classe 1914, réformé n° 1 avec gratification de 7e catégorie suivant D.M. du 20 juin 1917, notifiée le 10 juillet 1917 sous le n° 47.903 a droit au port du ruban, avec étoile émaillée rouge, constituant l'insigne spécial pour les blessés de guerre au cours de la Campagne actuelle contre l'Allemagne et ses Alliés.
Fait à Grenoble le 4 avril 1919. Le Commandant du Dépôt ''
Oncle maternel, Raphaël MASSON
Engagé volontaire à Lyon - Bron en juillet 1942 pour 4 ans dans l’armée de l’air française pour l’Afrique ( Tunis – Alger - Agadir ) - Grande Bretagne – France.
Fait prisonnier par les Allemands le 8 novembre 1942 à El Aouina (Tunisie) et évadé 4 jours après.
Trois Brevets de navigant d’aviation militaire français, dont major de promotion. (2 français et 1 dans R.A.F.)
Fait 37 missions de guerre dans l’aviation française et la R.A.F. en 42-45 sur quadrimoteur Handley-Page, Halifax, Mark III et V
( L for LOVE ) de la 4e escadrille du squadron 346 ex 2/23 nommé ensuite groupe Guyenne, à Elvington dans le Yorkshire. G. B. (Forteresse volante de la R.A.F. )
Croix d’officier dans l’ordre national de la Légion d’honneur
Croix de guerre 39– 45 avec 5 Citations. ( 2 palmes + 3 étoiles ) 1943
Croix du combattant volontaire 1939/1945-avec 2 barrettes.
Croix du combattant.
Croix du combattant de l 'Europe.
Croix du combattant interallié.
Croix du combattant de moins de vingt ans.
Croix d’Officier ancien combattant Franco – britannique.
Médaille de la ‘Battle for britain’ avec barrette Royal Air Force.