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23 août 2010 1 23 /08 /août /2010 07:52
Les hommes battus, une réalité méconnue

          "Une trentaine d’hommes meurent chaque année sous les coups de leur conjointe. Les femmes demeurent cependant les premières victimes des violences conjugales.

          Après les coups, la honte. Du haut de ses 44 ans, Olivier n’évoque son passé de victime que depuis peu. Le simple fait d’avoir accepté, pendant deux ans, insultes et violence de la part de son épouse l’a longtemps plongé dans le désarroi. « Tout a commencé de manière anodine en 2006, par des vannes, des railleries », précise-t-il, comme pour mieux justifier le déni dans lequel il s’est ensuite enferré.

          De plus en plus dénigré, il s’est trouvé désemparé face aux premiers accès de violence de son épouse. « J’encaissais les coups de pied, les coups dans le dos, entre les jambes, mais comme tout cela faisait suite à la naissance de nos deux enfants, je le mettais sur le compte des hormones, sur le manque de réalisation professionnelle de ma femme aussi. J’attendais que ça passe. » Jusqu’au déclic. « Après trois semaines d’hospitalisation pour un grave problème cardiaque, ma femme m’a lancé que “j’aurais mieux fait de crever”. Là, j’ai ouvert les yeux. »

110 000 hommes victimes de violence conjugale en 2008

          Si les hommes restent encore très frileux à l’idée d’évoquer ce que peut leur faire endurer leur épouse, certains chiffres parlent d’eux-mêmes. Ainsi, en 2008, pas moins de 110 000 hommes ont été victimes de violence conjugale selon l’Observatoire national de la délinquance (OND), un chiffre élevé même s’il reste trois fois moins important que celui visant les victimes féminines. Cette même année, 157 d’entre elles sont décédées sous les coups de leur conjoint.

          Ce qu’on sait moins, c’est que 27 hommes sont décédés dans des circonstances similaires, un chiffre stable par rapport à l’année précédente. « C’est vrai qu’un homme qui meurt tous les quinze jours, c’est beaucoup… mais nous sommes réticents à communiquer autour de ces cas, car cela renverrait dos à dos les deux sexes », reconnaît une travailleuse sociale..." [Marie Boëton - 22 août 2010]

 

          Le psychologue Yvon Dallaire (1) donne l’analyse suivante : « Les femmes battues rencontrent beaucoup de difficultés à témoigner mais, une fois ce cap passé, la société les plaint et leur vient en aide. À l’inverse, l’homme battu perd, au moment où il se confie, son identité de “mâle”. Pour le dire vite, la femme gagne un statut de victime au moment où elle porte plainte, alors que le conjoint battu perd, lui, son statut d’homme viril. »

 

          Dominique, 50 ans, habitant Clermont, garde un goût amer des coups encaissés, mais aussi de la passivité de son entourage proche. « Personne ne m’a conseillé de me plaindre aux services sociaux ou à la police. Mes amis sont restés muets comme si, à leurs yeux, un homme n’était pas une victime à part entière. »

 

          Il n'a pas été plus écouté par les gendarmes « Un soir, j’ai couru à la gendarmerie pour déposer une main courante. Eh bien, les gendarmes m’ont reçu sur le perron en me faisant comprendre qu’il ne servait à rien d’entrer au commissariat, qu’une plainte serait déplacée. Quant à l’assistante sociale que j’ai rencontrée quelques jours plus tard, elle a eu du mal à se retenir de rire en écoutant mes déboires. »

 

          Olivier témoigne également « J’ai expliqué aux policiers que lorsque je me prenais des coups, j’allais occuper un autre appartement que nous possédions dans l’immeuble et j’ai bien compris que, pour eux, cela s’apparentait à un abandon de domicile conjugal… ça m’a écœuré. »

 

          Pour pallier l'insuffisance des pouvoirs publics, des équipes se mobilisent. "SOS Hommes battus" a vu le jour, une petite association "Entre Femmes" de Denain (Nord) accepte de recevoir aussi les hommes, conscientes du problème. Malgré cela, aucun centre spécialisé n'existe en France. Alain Legrand lui-même, psychologue et psychanaliste, président de la Fédération nationale des associations et des centres de prise en charge d’auteurs de violences conjugales et familiales (Fnacav) excuse son action en expliquant « Ces centres n’existent pas en France, car on a déjà trop peu de moyens pour accueillir toutes les femmes… »

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  • Pajani Bernard-Marie
  • J'ai parcouru tout le territoire savoyard, d'Ugine à Thonon, en passant par Faverges, La-Roche-sur-Foron, Bonneville, Albertville, Sevrier, Annecy pour revenir à Faverges.
Je suis aussi à la recherche des camarades des classes fréquentées.
  • J'ai parcouru tout le territoire savoyard, d'Ugine à Thonon, en passant par Faverges, La-Roche-sur-Foron, Bonneville, Albertville, Sevrier, Annecy pour revenir à Faverges. Je suis aussi à la recherche des camarades des classes fréquentées.

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