Chronique du Pays de Faverges de l'année 1914
L'Association à but non lucratif "Histoire et patrimoine des Sources du Lac d'Annecy" se prévaut de relater l'Histoire locale, sans détours, sans fioritures, en ne relatant que la vérité historique.
Ainsi, elle ne se prévaut pas de mentionner dans un livre des ''Morts pour la France'' ceux qui n'ont jamais vécu à cette époque, mais sont morts jusqu'à 45 ans plus tôt, à l'âge d'un seul jour, voire sont même morts-nés. Nous savons rester honnêtes, ne pratiquant aucunement la fausse vérité, de façon éhontée, en trafiquant l'Histoire !
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Jeudi 1er janvier
Faverges.- Cinéma Savoisien
Programme du dimanche 4 janvier 1914 :
La vie au fond des mers, en couleurs (documentaire). - La fille du Mexicain (drame). -Vue basse mais tête dure (comique). - Entr'acte. - Le roi de l'acier (grand drame), film de 900 mètres. - Entr'acte. - Pauline est capricieuse (comédie). - Gavroche veut faire un riche mariage (comique). (L'Avenir Savoyard_PER304-11_1914-01-01).
Samedi 3 janvier
Faverges.- Vol
Le sieur Coca, sujet italien, manœuvre à l'usine Stunzi, a constaté la disparition d'une paire de chaussures estimée 15 fr. Un nommé E..., qui a disparu de l'usine depuis ce vol, est soupçonné d'en être l'auteur. La gendarmerie a enregistré son signalement. (La Haute-Savoie_PER19_1914-12-03)
Faverges.- Tempête sur la Balmette
Dimanche, vers midi, un violent orage s'est abattu sur la contrée : dans quelques villages, des toitures ont été endommagées. À la Balmette, une trentaine de tuiles de Montcharvin (NDLR : Montchanin) ont été enlevées du toit de la maison Panisset ; l'une est tombée sur la tête d'un passant, J. Cavagnon, et lui a fait à la tête une blessure peu grave, il est vrai, mais s'il n'avait eu la précaution de se garer le long du mur, il aurait été sûrement assommé.
Lundi soir, vers les 3 heures, neige de quelques centimètres couvrant la vallée ; continue pendant la nuit et la journée de mardi. On peut voir, sur la route départementale, à quelques cents mètres de la gare de Giez, une automobile à capote, gisant dans le fossé, dont tout le devant a été déformé par un choc violent contre l'un des pylônes des forces électriques, qui lui-même, a été tordu par la force du choc. On ne sait à qui elle appartient, et par qui elle était montée. Des jeunes gens d'Annecy, dit-on, trompés par le brouillard et la neige, ont dû l'abandonner pendant quelques heures. Le taxi marquait 90, vitesse exagérée qui aurait pu endommager les voyageurs aussi bien que la machine ; cependant pas d'accidents de personnes. (Indicateur de la Savoie_PER30-16_1914-01-03)
Faverges.- Concert de la fanfare
Il faudrait remonter à de longues années en arrière pour pouvoir comparer les succès de jadis, à celui que viennent de remporter nos jeunes gens, chanteurs, musiciens et artistes qui ont tous fait preuve d'un talent très apprécié et d'un dévouement au-dessus de tout éloge. Aussi les salons de l'Hôtel-de-Ville étaient-il trop petits pour recevoir toutes les familles, tous les amateurs de bonne musique et de saines distractions. Rarement on constata société mieux choisie et plus joyeuse ; les dames, les demoiselles aux toilettes fort élégantes ajoutaient à l'auditoire un air de gaieté charmante que tout le monde a fort apprécié. Le programme, des mieux choisis, a été scrupuleusement exécuté et les applaudissements, les rires délirants, les « bis » n'ont pas été ménagés, et certes, les acteurs et les organisateurs de cette fête ont trouvé dans ses manifestations spontanées, leur récompense immédiate.
Comment, dès lors, résister au plaisir d'adresser nos compliments les plus chaleureux aux aimables chanteurs E. Portier, Lyaret, Jean Neyret, et aux jeunes artistes L. Bouvier et Spéruzzola dans le duo « En avant ». Le drame « la bague sanglante » a été interprété avec un brio remarquable de sincérité par MM. Gaudin, P. Cagnin, J. Crabié, Déglise, et au « pied levé » notre excellent Hudrizier (qui) a bien voulu consentir à remplacer M. Chatel, victime d'un accident que nous souhaitons peu grave. La « Sœur dans l'Orphéoniste », duos interprétés par les désopilants F. Cagnin et J. Crabié a eu un succès étourdissant de rire joyeux et de rappel frénétique, ainsi que le vaudeville « à la salle de police », interprété par nos jeunes guerriers Convers, Déglise, Vouthier.
Le piano a été magnifiquement tenu par un jeune artiste Marcel Crabié, et la Fanfare municipale, sous l'active et intelligente direction de son chef M. Crabié, a obtenu comme toujours un gros succès. Un bal endiablé et fort nombreux a clôturé à 2 heures du matin cette joyeuse soirée dont tous nous conservons le plus gai souvenir.
À tous, chanteurs, musiciens, artistes et organisateurs, nous disons : merci de tout cœur. (Industriel Savoisien_PER59-23_1914-01-03)
Dimanche 4 janvier
Nouveaux Timbres
Les figurines à l'effigie de la Semeuse ayant été l'objet de tentatives de contrefaçon, il a été décidé pour rendre plus difficile l'écoulement des faux timbres et de créer un nouveau type de vignette.
L'exécution du dessin original de la nouvelle figurine a été confiée à un artiste sans concours préalable. Le projet réalisé par celui-ci sera soumis à l'examen d'une commission spécialement instituée à cet effet.
Il n'est pas question de créer des vignettes particulières au service de la poste aérienne. Le dernier concours pour la création d'un type de timbre-poste remonte au 5 février 1894.
Le jury chargé de juger les 684 projets soumis à cette occasion, a estimé qu'aucun deux n'était susceptible d'être retenu. À la suite de cet essai infructueux, le service postal a renoncé à la procédure du concours et a décidé, pour ses émissions de 1900, de faire directement appel à des artistes éprouvés. (Journal du Commerce et de l'Agriculture des deux départements Savoisiens_PER61-14_1914-01-04)
Ce ne sera qu'au mois d'août, après la déclaration de guerre par l'Allemagne, pour venir en aide aux très nombreux blessés sur les champs de bataille que l'État français émit un nouveau timbre en surchargeant le 10c Semeuse précédent d'une surtaxe de 10c.
Pour une vente générale le 10 septembre 1914, l'État fit graver un nouveau timbre-poste d'une valeur faciale de 10 c avec une surtaxe de 5 c au profit de la Croix-Rouge française.
Samedi 10 janvier
Saint-Ferréol.- Nomination du receveur-buraliste
Par décision du directeur des contributions indirectes de la Haute-Savoie, et à défaut de candidat militaire, M. François-Clément Prud'homme est nommé receveur-buraliste à Saint-Ferréol. (Indicateur de la Savoie_PER30-16_1914-01-10)
Faverges.- Installation de l'abbé Henry
M. l'abbé Henry, le nouveau curé de Faverges, a été installé dimanche. L'arrivée, annoncée pour 9 heures un quart, fut retardée par le mauvais état des chemins verglacés, et l'automobile qui amenait M. le curé n'entra en ville qu'à 10 heures. Une foule nombreuse et très sympathique l'attendait sur la place Centrale, où un compliment lui fut débité par Mlle Ramus et un bouquet de fleurs naturelles offert par Mlle Varchex.
À l'entrée de l'église, M. Favre Asghil, au nom du conseil de la paroisse et de la paroisse, lui exprima, en fort bons termes, les sentiments unanimes de ses paroissiens... (Indicateur de la Savoie_PER30-16_1914-01-10)
Faverges.- L'hiver et le temps
Pendant 48 heures, sauf 4 heures de répit, une tempête de neige, par brusques sautes de vent du nord, du sud et de l'ouest, a couvert le sol de 52 centimètres.
Le P.-L.-M. a fait passer son chasse-neige ; les Ponts et Chaussées ont toutes peines à tenir les chemins ouverts.
Le ''bief'' de Saint-Ferréol, qui fait mouvoir de nombreuses usines et moulins, est gelé, et le peu d'eau qu'il laisse passer se déverse sur les prairies de Bourboillon, qu'il couvre de glace. (Indicateur de la Savoie_PER30-16_1914-01-10)
Faverges.- Grosse émotion et grave affaire
Le dimanche 28 décembre, le Conseil municipal a émis son vote sur l'emplacement du pré de foire.
Depuis fort longtemps, le public demandait que les rues et les places de la ville ne fussent plus encombrées par le bétail des foires. Ces derniers temps, les Ponts et Chaussées ajoutèrent leur volonté à ce désir, ordonnant la liberté des routes départementale et de grande communication qui empruntent nos rues, interceptées par les foires.
En septembre, cette importante question fut ajournée.
Entre temps, tous les propriétaires de terrains susceptibles de devenir prés de foire présentèrent leurs plans et leurs prix ; la commission se rendit sur chacun de ces terrains.
Mais alors s'ouvrit la grave question de savoir où on mettrait le pré de foire : près de la gare ou à son opposé, de l'autre côté de la ville ? Cette dernière solution était réclamée par les commerçants et les débitants, désireux de voir traverser la ville aux gens venus à la foire et de les voir leur laisser un profit ; l'autre solution avait la faveur des éleveurs et surtout des acheteurs, à cause de la rapidité de l'embarquement des bestiaux à la gare.
Le 28 décembre la question fut mise en discussion.
D'abord, les projets proposés ne furent pas étudiés ; un seul fut mis en avant par M. Eyriès, maire, qui le fit sien jusqu'à engager sa situation de maire sur son acceptation. Et auparavant, M. Eyriès avait fait longuement le procès des « erreurs » de ses prédécesseurs. De cette sorte, M. Eyriès usa de tous les procédés de pression pour influencer le vote de ses collègues, ce qui ne saurait trop être blâmé, dans un régime démocratique, de liberté et de conscience d'admirateurs ; on procède de la sorte sous les régimes des autocrates.
Le projet cher à M. Eyriès consistait à acheter la moitié du clos de M. Asghil Favre, voisin de l'hôpital, - une superficie de 6 journaux ½ - avec le dessein d'acquérir ensuite le jardin Dufour-Bellet qui le précède du côté de l'Hôtel de Ville, afin de consacrer celui-ci a une avenue reliant la place de la Mairie à la nouvelle « promenade publique » établie dans le clos Favre et dont une partie devait servir de pré de foire. De plus, dans un avenir prochain, le projet Eyriès comprenait la construction d'une salle (dite palais) des fêtes dans la « promenade publique » nouvelle… Une dépense totale d'au moins 70.000 francs !
Le conseil, par 10 voix contre 4 et 2 bulletins blancs, après avoir rejeté le projet grandiose de M. Eyriès et de trois conseillers de la ville, vota l'emplacement du pré de foire dans les terrains de l'Annonciation, à l'ouest de la ville, du côté de la gare.
M. Eyriès donna sa démission de maire, qui ne fut pas acceptée, comme bien on pense, par la préfecture.
Puis une opposition fut présentée aux signatures de la ville, par M. Chappelain-Tiouzi, cafetier voisin du clos Favre, et ancien tenancier d'... hôtel, rue de Berne, à Paris, « au nom, disait ce dernier, des intérêts seuls de la commune ... »
En outre, les gens du bourg – les bourgeois, pour se servir du terme actuel, - commencèrent une violente campagne contre la population des villages et en particulier contre Viuz-Faverges, qu'ils chargeaient naturellement de ce « nouveau crime ». Ils les menaçaient, « pour laisser la ville maîtresse de ses destinées », de procéder à un sectionnement… Grosse émotion et grosse affaire, avons-nous dit en commençant.
L'explication de l'achat des clos Favre-Bellet et de la construction de la salle des fêtes réside tout entière dans ce fait qu'en 1914 arrivent à terme l'emprunt des écoles ; sans rien changer donc aux charges payées par les contribuables, on substituait, sous prétexte de pré de foire, à l'emprunt des écoles, un emprunt de place et d'avenue publiques nouvelles et de salle de fêtes... Rien de plus simple comme tour de passe-passe et rien de moins dispendieux pour ceux qui ne payent pas d'impôts.
Mais, au-dessus de toutes ces finasseries, se présente une grosse question qui ruine, semble-t-il, de fond en comble le projet du pré de foire dans le clos Favre : cet emplacement est proche voisin de l'Hôpital et les règlements formels déterminent une distance à observer dans ce cas, laquelle n'existe pas ici. Ce n'est pas, dans tous les cas, un bien grand souci de l'hygiène et du calme des malades qui semblent inquiéter les auteurs du projet Favre-Bellet. De plus, si les bestiaux venaient tous à passer bien en face de notre Hôtel de Ville, la propreté proverbiale de notre petite cité recevrait, de ce fait, un accroc un peu trop sensible et le règlement sévère, affiché de nouveau par le maire actuel, ne semblerait pas être un des soucis de nos administrateurs.
Quoi qu'il en soit, dans semblable affaire, les premiers à consulter sont ceux pour qui les foires sont établies, les éleveurs et les acheteurs de bétail ; ensuite ceux qui paieront le prix de foire par la taxe d'entrée de leur bétail, les gens de la campagne. Les autres bénéficiaires des foires – commerçants et débitants - n'arrivent qu'en second lieu dans cette question. C'est élémentaire et ce serait juste. Et pour la question de continuer à rendre responsable l'excellente population de Viuz-Faverges de toutes les contrariétés qui surviennent aux gens de la ville, cela tourne à l'hallucination dans certaines têtes très et trop connues et un terme pourrait bien être mis, plus rapidement qu'on ne le pense à ce genre de plaisanterie.
Sur ce sujet, comme dit le peuple, il y en a assez.
Et, pour tout résumer en une seule observation, nous disons que la question de ce trop nécessaire pré de foire, - comme l'a établi un de nos compatriotes très sensé, - aurait dû faire l'objet d'un référendum, par un vote de tout le peuple, au lieu de revenir l'objet des préférences des intéressés indirects des foires, et surtout l'objet de la volonté de quatre conseillers seulement, dont l'un est intéressé, à la vente des terrains, et dont l'autre, sous ses proclamations égalitaires, a voulu jouer tout bonnement au petit potentat d'un fief lui appartenant. Signé : La majorité des électeurs. (Indicateur de la Savoie_PER30-16_1914-01-10)
... / ... suite à découvrir dans la Chronique éditée par HPSLA-CPCGF
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